Rendons visite aux arbres remarquables !

Tout d'abord, qu'est-ce qu'un arbre remarquable ?
Au fil du temps, et face aux dangers qui menacent la nature, différentes associations se sont mises à recenser, classer, répertorier des arbres hors normes pour attirer l'attention des populations sur la beauté, la force mais aussi la fragilité de nos amis de bois.
Aujourd'hui faisant partie du patrimoine mondial (et donc protégés), les arbres remarquables sont tous aussi différents les uns que les autres. Chaque année de nouveaux membres rejoignent le club grâce à des critères variés : âge, taille, forme, superstitions associées, esthétisme, valeur historique, originalité, rareté, etc.
Pour exemple, le recordman (ou plutôt le recordtree) de la taille répond au nom d'Hypérion. Il s'agit d'un séquoia sempervirens (séquoia à feuilles d'if) situé dans le parc de Redwood, au nord de la Californie. Il mesure pas moins de 115 m de haut ! 
Concernant l'âge, il est très difficile de le déterminer précisément. On peut tout de même citer le bien nommé Mathusalem, un pin longaeva qui aurait 4700 ans (quelque part en Californie, dans un endroit tenu secret pour éviter tout acte de vandalisme...), un cèdre japonais âgé de 5200 ans environ, et un autre pin longaeva de 5063 ans dans les Montagnes Rocheuses. 
Mais sans aller si loin, sachez que certains arbres remarquables se trouvent tout près de chez vous, remarqués grâce à leur forme, à leur emplacement ou même à leur essence ! En effet, avec la multiplication des voyages humains, les graines de certains arbres se retrouvent à germer dans des régions incongrues. Un érable de Montpellier de grande taille se situe ainsi non loin de chez nous, en lisière de la forêt de Chizé à Villiers-en-bois (Deux-Sèvres).
Pour en savoir plus sur tous les spécimens enregistrés, rendez-vous sur le site de l'association A.R.B.R.E.S (Arbres Remarquables : Bilan, Recherche, Études, Sauvegarde) ainsi que sur le site de l'association Deux-Sèvres Nature et Environnement.

Première rencontre : le chêne tétard du Puits d'Enfer (Exireuil, Deux-Sèvres).

Son âge est estimé à 250 ans. Il tient sa singulière forme de son histoire : pour se chauffer l'hiver, les habitants coupaient les branches hautes du chêne, et chaque année, les multiples pousses qui retentaient leur chance, mais qui étaient inlassablement coupées, ont fait gonfler, gonfler, gonfler la tête du chêne. Aujourd'hui, plus aucune branche n'est tronçonnée car l'arbre est bien gardé. Les pousses ont ainsi pris de l'ampleur et s'élèvent haut dans le ciel autour de la tête creuse du chêne. 

Élu Arbre de l'Année en 2015 par la région Poitou-Charentes, il est notamment célèbre pour avoir survécu à un incendie accidentel en 1945. 

La ville d'Exireuil est fière de son arbre remarquable et nous le présente sur son site internet.

Deuxième rencontre : le chêne du pigeonnier de Pouzay (Béceleuf, Deux-sèvres).

Le "droit de colombier" a été supprimé aux alentours de 1789. Les pigeonniers de la région ont donc tous fermé à cette période, devenant inutiles. Le toit de celui-ci a dû s'écrouler quelques temps après, laissant libre accès aux oiseaux et autres rongeurs pour apporter la fameuse petite graine qui a trouvé ce lieu insolite pour germer. Au centre du pigeonnier, à même la terre battue, la jeune pousse devait être bien têtue pour garder le cap, année après année, en quête de lumière. Les premières branches se trouvent à plus de 10m, passant par dessus les murs du pigeonnier pour trouver la place de se déployer. Bref, un chêne incroyable, tant par son histoire que par sa beauté, à découvrir aux abords de Béceleuf. Le pigeonnier est la propriété de la famille Girardeau. Des panneaux indiquent son emplacement le long du chemin de campagne et son accès est libre.

Troisième rencontre : l'érable de Montpellier de Virollet (Villiers-en-Bois, Deux-sèvres).

D'ordinaire, les érables de Montpellier qui parviennent à pousser dans nos régions restent petits. Celui-ci en revanche, loin de sa patrie d'origine, est tout simplement monumental. Solitaire sur sa butte herbeuse, il a su trouver les ressources nécessaires à sa croissance, à la grande surprise du voisinage. Libre de toute concurrence, il a développé son réseau de branches pour former une sphère quasi parfaite.

Hélas, le temps joue contre lui : une faiblesse dans le tronc fend l'arbre en deux. La commune a été contrainte de le sangler en 2013 pour éviter que les deux pans de l'arbre ne se séparent complètement. 

Quatrième rencontre : le Chêne Papinot (Villiers-en-Bois, Deux-sèvres).

Cent mètres à peine au nord de l'érable de Montpellier se trouve un autre arbre remarquable, bien plus ancien. 

Dans une clairière ombragée, à l'abris des regards, se cache un vieux chêne massif et sombre, couvert de mousse presque noire. Les promeneurs pourront profiter de quelques bancs et tables de pique-nique pour s'arrêter et profiter de la vue... mais devront passer par dessus la mousse et le lierre ! Ce petit coin de nature quasi sauvage est un régal pour les yeux et on ne se lasse pas de vagabonder dans les herbes hautes (mais attention aux piquants !). 

Un géant de bois à découvrir tout près de la forêt de Chizé et du Zoodyssée.

Cinquième rencontre : les Hêtres de le Senegrière (Parc National des Cévennes, Lozère).
Pour les trouver, il faut aimer les chemins caillouteux et poussiéreux. A dire vrai, nous ne les avons pas trouver, c'est eux qui nous ont surpris, au détour d'un virage, cachés au milieu d'une mince forêt située au coeur des causses désertiques des Cévennes. 
Discret, un totem d'informations avertit les courageux passants que ces quelques hêtres ont été labellisés remarquables pour leur forme particulière dûe à des tailles sévères et régulières, mais aussi grâce à leur âge important, plus de 300 ans déjà. 
Assez éloignés les uns des autres, les arbres se font face, s'appellent, se répondent, piégeant l'humble spectateur non-averti entre leur réseau. 

Sixième rencontre : Le Tronc (Saint-Maurice-de-Ventalon, Lozère).

Situé dans un minuscule hameau constitué de quatre ou cinq maisonnets, Le Tronc attire quelques passionnés chaque année. Les propriétaires des lieux invitent les curieux à cheminer entre les maisons puis à passer une barrière, pour enfin atteindre la chataigneraie. 

Des dizaines d'arbres, dont quelques mastodontes se pressent autour d'allées couvertes de filets permettant aux habitants de faire la récolte des chataîgnes. Mais Le Tronc les domine tous de sa prestance.


Oui, "Le Tronc". C'est son nom. 

Il suffit d'un coup d'oeil pour comprendre pourquoi : impressionnant par sa taille, cet incroyable chataîgnier s'est creusé au fil du temps, créant une véritable grotte sinueuse de plus d'un mètre de diamètre en son centre, nous invitant presque à nous lover entre ses bras...


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